Derniers chantiers et bilan

Publié le par Chelonius

C'est Noël, je me décide enfin à mettre ce blog à jour.

 

Tout d'abord, nous avons couvert notre terrasse d'entrée pour la transformer en sas, en montant une ossature, les chevrons étant boulonnés aux chevrons existants:

 

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La progression de la pente des chevrons fut une prise de tête assez épique car je devais arriver à la hauteur de la porte d'entrée que j'avais acheté à 70% de soldes dans une grande surface de bricolage. Cela donne une pente variable que j'ai décidé aussi de prolonger en une courbe (que l'on ne voit que de dessous):

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Les fenêtres sont du double vitrage acheté d'occasion il y a deux ans. Pas cher, mais pas trop droit non plus.

Pour combler les trous, on a décidé d'essayer le bois cordé. Pas pour l'efficacité thermique étant donné les variations hygrothermiques dans la région, on s'attendait à l'apparition de fentes de retrait, au moins en été. Mais pour faire joli tout en gardant un sas hors gel. A ce propos, après la sêcheresse d'octobre dernier, on voyait le jour dans les fentes, j'ai donc acheté de quoi faire un enduit chaux-chanvre pour corriger mais la mousson est arrivée et le bois a gonflé: plus de passage d'air. En fait, c'est pas mal, ici, généralement, le froid est précédé de (très) fortes pluies qui font gonfler le bois. J'ai donc de la chaux et du chanvre en rab. J'en trouverais peut-être l'utilité?

 

Le mortier est un batard ciment-chaux avec 30% de sciure pour limiter le retrait.

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C'est facile à faire, ludique, mais cela impose d'avoir fendu et écorcé beaucoup de buches. Là, c'est plus galère, surtout que le bois était déjà coupé depuis longtemps, donc l'écorce difficile à enlever.

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Voilà pour le mur est. Du côté nord, on a décidé de rajouter encore un pan de toit pour protéger l'entrée et faire une zone de stockage de bois pour le poele. Du coup, notre toit est vraiment plein de pans différents, reliés au zinc et... (j'ai honte) au plomb. Pas super pour une maison qui se veut compostable en fin de vie, mais je n'ai pas trouvé comment m'en passer. Encore un compromis...

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Vue du dessous. J'ai isolé avec du styrodur qui me restait de notre ancienne maison, vu que je ne savais pas quoi en faire. Si je n'avais pas eu à m'en débarasser, j'aurais pris du liège.

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Arrivé au mois de décembre, avec la vague de froid, on a réalisé que l'air soufflé par le puits canadien était tombé à 7°C pour -7°C dehors. OK, cela signifie qu'il fonctionne, mais cela refroidissait tout de même la maison. Ni une ni deux, après une courte réflexion, j'ai installé une VMC double flux dans le sous-sol, avec trois bouches d'aspiration: une dans les toilettes sèches (directement au niveau du seau), une dans la salle de bain (inutile) et une dans la cuisine. Les gaines ne sont pas vraiment très jolies, comme on le voit ci-dessous, mais bon...

L'engin est une Unelvent Idéo HR, qui a un by-pass estival très pratique. Cependant, il serait plus pratique si on pouvait le bloquer en position by-pass tout l'été. A quoi cela sert-il de réchauffer l'air entrant quand la nuit on passe en dessous de 24°C? Mais à quoi pensent-ils, ces programmateurs?

La VMC est presque inaudible à l'étage en dessous.

 

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Par contre, pour limiter le refroidissement de la dalle et protéger la VMC, j'ai isolé le sous-sol avec 10cm de laine de bois partout (photo ci-dessous). Tout le pourtour de la maison a du coup été bouché avec du liège enterré sur 20cm. Ce n'est pas pour isoler la terre sous la maison (ce ne serait pas suffisant) mais pour isoler au niveau de l'air le sous-sol. Et du coup, j'ai doublé les fenêtres en rajoutant une couche de PVC (beurk) et en collant avec du mastic colle (rebeurk). Avec -7°C dehors, je passe à 10-12°C dans le sous-sol. C'est pas mal avec 10 cm d'isolant. Et avec le grand froid, je fait recracher la sortie d'air non pas dehors mais dans le sous-sol ce qui me fait passer à 13-14°C.

Par contre, j'ai du revoir l'étanchéité à l'air de la maison en refaisant tous les joints (aidés en cela par ... des fourmis qui m'ont indiqué des orifices) mais aussi en reprenant les limites enduits terre - menuiseries et voliges. Au final, cela fonctionne bien mais il faudra peut-être qu'un jour, on remplace le poele par un modèle avec entrée d'air extérieur car très rarement, quand le tirage est au maximum, cela perturbe la VMC (normal).

 

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Bon, après toutes ces bricoles, je manquais d'activité, il me restait du bois, des fenêtres, de la laine de bois et j'avais trois fûts de cèdre laissés en place par Yves-Marie  (ici en tant qu'élagueur). Donc, avec l'aide conceptuelle de Sabri, charpentier sur des décors de cinéma à Toronto (oui, j'ai encore des amis charpentiers), j'ai décidé de construire une cabane sur pilotis naturels (qu'il faudra sûrement remplacer un jour par des piliers sur plots, le plus tard possible!):

 

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Désolé pour la surexposition, mais voici la structure de la base:

 

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Avec des planches de cèdres restantes, j'ai fait un plancher grossier:

 

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Un escalier plus loin, une ossature en planches de cèdres de 4cm et des poutres construites avec ces mêmes planches mais moisées (donc 8cm au total, tous les 80cm... c'est un peu large comme espacement, mais ça passe). La volige avec les dernières planches de 2,5cm, un pare-pluie puis...une bâche en epdm, une grille en galva pour faire le tour et du terreau et voilà un nouveau toit végétalisé. Les tuiles, vraiment, c'est trop moche, je pouvais pas.

 

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Là, on ne voit pas encore le toit végétalisé mais la finition extérieure: dessous, il y a des restes de panneaux d'OSB qui provenait de la découpe des panneaux dans la maison (quand on avait changé la paille pourrie). Ces panneaux soint jointés avec des baguettes collées, et, à l'extérieur, un bardage avec quelques croûtes retrouvées  (et surtout celles provenant du démontage de la cabane des toilettes) posées sur des tasseaux, et à l'intérieur, 10cm de laine de bois, laissée apparente au moins pour l'instant. Le plancher a été isolé de la même façon grâce aux chutes de laine de bois de la maison de Max, en cours de construction à 2 km, et même de quelques paquets de cette laine généreusement donnée par Max, et enfin par quelques paquets troqués à Elie Noël, gérant du magasin d'éco-isolants à St Hyppolite-du-fort, en échange de briques en terre crue non utilisées.

 

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 Au final, cette cabane m'aura coûté 300€, soit le prix de la bâche epdm et les vis plus quelques poutres! Ah, oui, j'ai récupéré une plaque de verre double-vitrages (merci Rémi!) et j'ai fait la porte, qui doit peser dans les 100 kg...

La cabane (12m2) est maintenant meublée d'un canapé -lit (d'occasion bien sûr). Elle est super-agréable bien qu'il ne faille pas être allergique aux coassements de rainettes en fin de printemps-été!

 

 

Bilan après un 19 mois dans la maison:

 

Construction:

12 m3 de béton

35m3 de bois

1000 ballots de paille, soit 17 tonnes

J'ai la flemme de calculer combien nous avons stocké de CO2 dans notre maison malgré les 12 cubes de vilain béton, mais beaucoup, même en comptant les fenêtres et leur transport depuis la Charentes (la honte), et le zinc de l'acroterre ( 45 m2 au total, toute zinguerie comprise). Si quelqu'un (Fred?) veut le faire, je le publierais ici même.

Si le terrain avait été plus raisonnablement plat, nous serions passés par des fondations cyclopéennes et donc sans ou presque de béton. Mais là, on n'avait vraiment pas le choix pour les fondations des poteaux.

 

Coût:

104 000 € hors solaire photovoltaïque qui va arriver au printemps, +10000 € avec. Cela reste trop cher pour de l'auto-construit, mais là dedans, j'ai environ 12000 € de surcoût dûs à notre cher (à tout point de vue finalement) charpentier. Et, en temps et matériaux; probablement autour de 10000 € dûs à la construction en forte pente. Au final, on est autour de 1000€ le m2. Cela reste raisonnable. Sans les surcoûts, on passait sous les 100 000€ des taudis dont Borloo avait fait la promotion (et qui d'ailleurs n'ont été qu'en partie construits...).

 

Fonctionnement:

3713 kwh d'électricité consommée depuis 19 mois soit 19,5 kwh/m2/an. Curieusement, je ne vois pas d'augmentation de consommation depuis l'installation de la VMC (plutôt une nette baisse, même). En même temps, j'ai arrếté d'utiliser les ponceuses et autres scies circulaires, ceci explique donc probablement cela.

1,5 stères de cèdre brulé dans le poêle, à 80% au mois de décembre dernier pendant la vague de froid. En utilisant les données de l'office des forêts du Canada qui compte 16 millions de btu par corde de cèdre, cela nous fait 1940 kwh soit 16 kwh/m2/an pour le chauffage.

Au total, on est donc à 35 kwh/m2/an.

 

En fait, la période à risque dans cette maison que l'on peut qualifier avant tout de "solaire", c'est autour du solstice d'hiver, disons entre début décembre et le 20 janvier. Ensuite, même s'il fait froid, la durée d'ensoleillement devient suffisante pour nous chauffer presque sans utiliser de bois. L'année dernière, le coup de froid est tombé en décembre et a été accompagné de façon inhabituelle ici d'un temps très couvert. Du coup, on a brulé du bois.

Cet "hiver" 2011-2012 débutant de façon inhabituellement chaude, pour le coup, on n'a pour l'instant brûlé que... 7 bûches depuis fin novembre. C'est presque un problème, j'ai du donné 15 stères de bois à des amis, car je n'arrive pas à en brûlér assez!

Pendant l'été, on reste en dessous de 26°C pendant les vagues de chaud. On resterait en dessous de 24°C si nous n'étions pas orienté 10° trop vers l'ouest: les 2°C supplémentaires sont pris pendant la dernière heure de soleil.

 

Au final, si c'était à refaire, je referais en paille, sans pare-vapeur. Je n'en démors pas, je ne vois pas l'utilité (sauf pour obtenir le label BBC qui est, je trouve, trop basé sur des techniques complexes, pas assez sur le résultat. Il est d'ailleurs tellement mité par les lobbies que, pour l'obtenir, j'aurais du rajouter un convecteur quelque part!) Par contre, je poserais la paille du plancher après avoir fait le toit, j'utiliserais des poutres en I pour la dalle et la charpente et me passerais donc de charpentier (mais je passerais par le bureau d'étude de la boite fournissant les poutres en I). Je soignerais d'avantage dés le début l'étanchéité à l'air des menuiseries et des jonctions terre-volige.

Enfin, je baisserais encore plus la pente du toit, ce qui m'assurerais par la même occasion une moindre prise au vent et un meilleur contre-ventement côté sud. Le mur nord, en paille, assure un bon contre-ventement (sans panneau de bois) mais côté sud, les fortes rafales font un peu vibrer! Du coup, j'ai du reprendre un peu l'enduit et à mon avis, ce n'est pas fini. Je passerais peut-être un jour à un bardage côté ouest?

Au départ, on devait rajouter un mur trombe, ce qui aurait été très bien pour l'inertie. Evidemment, étant donné que la structure n'a pas été calculée lors de la construction et qu'après coup, les calculs du bureau d'étude ont interdit la pose d'une telle masse, au final, on manque un peu d'inertie massique. Les cloisons en terre ont permis de compenser un peu mais l'idéal serait d'avoir une dalle en terre un peu épaisse ou un bout de mur en BTC (briques de terre crue), mais après coup, je ne mettrais pas un mur trombe: il est difficile d'imaginer se passer de toute cette lumière! Cela reste bien supportable mais avec plus de masse, on pourrait probablement passer de 2 à 3 jours sans soleil après une journée ensoleillée sans chauffer. A ce stade, c'est un peu couper les cheveux en quatre, j'admets, mais autant tout dire.

La phyto marche vraiment très bien, la marre a été colonisée par de nombreux tritons palmés et des reinettes, pour ne parler que des vertébrés, ce qui en dit long sur la qualité de l'eau. J'ai recensé 11 espèces de libellules pondant dans la mare...

Enfin, la maison assure un confort vraiment grandiose: les enduits terre limitent à 0 les variations d'hygrométrie, même dans la salle de bain. Après 3 semaines de pluie en novembre, il fallait vraiment regarder dehors pour se rendre compte de l'humidité, c'est vraiment royal, surtout dans la région.

Du coup, la sêcheresse de l'air, les parois chaudes et le plancher font qu'à 17-18°C, on est vraiment bien, sans la moindre sensation de froid. La mezzanine me permet de corriger les copies au chaud (c'est indispensable, on ne bouge presque pas dans ces cas là et en dessous de 21°C, c'est un peu juste).

 

Si vous en doutez, venez voir! D'autant plus que maintenant, on a une cabane d'amis...

 

Dans le futur: (très proche) je vais construire une citerne de récupération d'eau de pluie hors sol en bois et epdm, (proche) on aura les panneaux solaires, et on n'exclut pas un jour (donc très lointain) de remplacer nos toilettes TLB par un système intégré, quand on aura des rumatismes à force de remonter les murs en pierre qui s'amusent à s'effondrer.

J'espère mettre le blog à jour en ces occasions, mais sais-t-on jamais, cela pourrait être long...

En attendant, joyeux Noël, n'hésitez pas à me contacter pour me faire part de vos questions et/ou critiques (constructives!).

 

 

 

 

 

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